Le projet du futur Centre Culturel Marocain programmé au 115 du boulevard Saint-Michel a reçu la bénédiction de François Hollande et du Roi du Maroc. Il prévoit un agencement de cubes pour remplacer un bâtiment-ateliers d’artistes de 1824 avec un rythme d’arcades au rez-de-chaussée, datant de l’époque où le boulevard s’appelait encore la rue de l’Est, avant son élargissement sous le Second Empire. L’atelier en étage a vu défiler de nombreux artistes. Un immeuble d’habitation avec plusieurs appartements loi de 48 va être supprimé, sans que le propriétaire n’envisage d’autres logements pour les remplacer. La construction peut-être un peu sommaire en pan de bois plâtré et le manque d’entretien ou de valorisation du lieu, malgré l’absence de péril, n’ont pas suscité les foudres ou les regrets de la Commission du Vieux Paris. Pourtant ce bâtiment modeste a une certaine allure qui justifierait puisqu’il dure, qu’il perdure. Le grignotage de Paris ne cessera-t-il donc jamais ?

Ce bâtiment-ateliers d’artistes datant de 1824 à été démoli.

Le bâtiment du 115, boulevard Saint-Michel, homogène avec les autres immeubles de la rue, avant sa destruction.

N’y avait-il pas moyen d’utiliser la structure du bâti ancien pour y accrocher une chrysalide contemporaine ?Cette forme de provocation s’accompagne d’une incroyable platitude : autrefois, on entassait des loggias et d’immenses baies coulissantes, sur neuf ou dix niveaux. Aujourd’hui, on préfère les panneaux rectangulaires en camaïeu qui donnent aux façades l’aspect d’un Rubik’s Cube. Ce n’est pas beaucoup plus raffiné.

Maquette de l’extérieur du futur Centre culturel marocain à Paris @Tarik Oualalou

Et le rapport au contexte ne s’est pas amélioré non plus ! On pourrait suggérer à l’architecte de faire un petit effort, en respectant les niveaux d’étage et la partition en soubassements, étages carrés et couronnement qui sont ceux de ses voisins, en suivant simplement l’article UG 11.3 qui reste valable dans tout Paris ! Mais il est à craindre qu’il n’apprécie pas cette proposition qui banaliserait son chef-d’œuvre en l’intégrant à l’alignement… Les images du projet montrent la volonté, au contraire, de s’affranchir des lignes de façades voisines. Le souci d’harmonie de la rue paraît une incongruité pour cette architecture de rupture, conventionnelle dans son brutalisme, et parfaitement décourageante.

François Loyer