Après six mois d’instruction, le Permis de Construire, (plus exactement de détruire et de reconstruire) est sur le point d’être accordé au projet de l’architecte Anne Demians pour l’École Supérieure de Physique et Chimie Industrielles dont la Ville de Paris est propriétaire.

Rébéllion

  • Un projet qui mobilise contre lui de plus en plus de monde : l’Association de riverains (ARRBELV représentant 40 familles), des collectifs de riverains, des associations de parents d’élèves, SOS Paris, Contribuables Associés.
  • Des recours vont être déposés : L’association ARRBELV, créée depuis longtemps pour protéger et défendre les intérêts des riverains de l’ESPCI sur tout projet concernant le quartier, a mandaté un avocat, Me Aldo Sevino du cabinet ASEA, pour entamer une action judiciaire et obtenir un projet plus modéré, respectueux du patrimoine, permettant la suite de la modernisation du campus en harmonie avec le passé prestigieux des lieux.

Non concertation participative

  • Un projet pour lequel la population n’a nullement été consultée : Les 50 000 m2 découpés en 2 tranches distinctes, un projet actuel limité à 38 000 m2 afin d’éviter toute enquête publique et 12 000 m2 « restitués » à la Ville de Paris par l’ESPCI. Pour une affectation à l’enseignement supérieur ou une opération financière immobilière ?
    Des réunions d’informations ont eu lieu mais aucune réunion consultative au moment de l’élaboration du projet. De nombreuses questions restent en attente de réponses.

Démesure

  • Un projet démesuré, au coût exorbitant (176 M€), entraînant des travaux pharaoniques de destruction complète et de reconstruction, sur une dizaine d’années, avec des nuisances énormes pour toute la population du quartier (habitants, école élémentaire, crèche) et pour les occupants de l’ESPCI qui continueront d’y travailler.
  • Il ne resterait qu’un morceau de façade de ces lieux historiques et artistiques, patrimoine en attente de classement au ministère de la Culture. Peut-on se donner le droit de démolir les parties intérieures de bâtiments de style typiquement Art Déco et dont les qualités architecturales et historiques sont reconnues : Bibliothèque, Salle du conseil où siégèrent Pierre et Marie Curie (dont on célèbre en grande pompe actuellement le 150e anniversaire de naissance), Paul Langevin…, escalier d’honneur en mosaïques, amphithéâtres, pendule extérieure ?
    Que penser de la position de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, Pierre-Antoine Gatier, en charge du 5e arrondissement, qui donne son aval à la destruction de ces éléments du patrimoine ?
  • Les bâtiments construits entre 2000 et 2010 seront entière- ment détruits (dont des laboratoires très récents), une gabegie financière énorme en cette période où tout le monde doit participer à l’effort national.
  • • Le financement prévu par la Ville de Paris est de 75 M€ jusqu’en 2020. Quid des 100 M€ restants? Par ailleurs, la dotation de fonctionnement des crédits de recherche de l’École sont diminués par cette même Ville de Paris. Quelle est la cohérence ?

Une fois de plus, un projet d’une telle ampleur répond-il réellement aux besoins des personnes concernées ou bien plutôt à « une tentation démiurgique de l’architecte et de la Ville de Paris » ?

Marie-Christine Chevalier
Présidente de l’ARRBELV