Philippe Denis, mort au mois de mai 2018, a été président de notre association de 1987 à 2002. Il ne nous appartient pas de rendre ici hommage à ses qualités humaines et notamment à l’admiration que suscitait chez ses collaborateurs son autorité naturelle et ses facultés de « rassembleur » ; ses relations, tant dans le monde des affaires que dans celui de l’administration, lui ont en effet

permis d’agrandir le cercle des dirigeants concernés par la défense du patrimoine. En revanche, on ne saurait passer sous silence l’impulsion qu’il a donné à SOS Paris et les combats engagés sous sa présidence – qu’ils aient été gagnés ou perdus – tant sur le plan patrimonial que sur le plan urbanistique. Au cours de ces années, riches en péripéties, la diffusion de notre bulletin s’est élargie à 3 000 exemplaires et notre site internet a été créé. Entre autres actions auprès de la municipalité, un « livre blanc » précisant nos revendications a été présenté aux candidats aux élections municipales en 2001. Sur le plan patrimonial, il nous faut rappeler notamment :

  • le sauvetage de plusieurs « villas », impasses et « cités » dans les 14e, 17e, 8e arrondis- sements, de l’ilot de la Reine Blanche dans le 13e, du parc de la Visitation dans le 6e ;
  • la conservation de bâtiments dont la démolition ou l’extension était programmée, comme le cinéma La Pagode (7e), le Palais d’Orléans et l’hospice La Rochefoucauld (14e), l’hôtel de Bony (9e), le musée Rodin (7e), le ferme de La Tombe-Issoire (14e), le couvent des Récollets et le Jardin Villemain (10e), une partie des aqueducs en sous-sol de la ZAC Alésia-Montsouris (14e).

Sur le plan de l’urbanisme, nous mentionnerons :

  • l’abandon des projets de voies souterraines Nord-Sud et d’extension de la voie express Rive Gauche ;
  • la protection et le recensement des espaces verts dans Paris, notamment des jardins privés ;
  • la conservation d’ensembles architecturaux homogènes (Grands Boulevards, Boulevard Haussmann) ;
  • l’abandon de projets de parcs de stationnement rue Guynemer, rue Saint Martin, avenue du Maine, d’une zone d’entrepôts entre la rue du Cirque et l’avenue Matignon, de création d’un parc olympique à Vincennes, de transformation des Jardins du Palais Royal ;
  • la limitation du nombre de ZAC et la mise en place de périmètres de protection de certains quartiers (Montmartre, la Butte aux Cailles etc…), malheureusement supprimés dans le POS actuellement en vigueur.

Évidemment ces succès ont été obtenus grâce aux efforts continus des délégués d’arrondissement et avec le concours d’autres associations de défense du patri- moine, qu’elles soient permanentes ou créées « ad hoc ». Il n’en reste pas moins vrai que Philippe Denis a été le moteur de ces combats à une époque où les associations pouvaient encore espérer que les manifestations de la volonté des citoyens avaient quelque chance d’être entendues. En effet, elles faisaient face à une administration et à des promoteurs qui n’étaient pas forcément hostiles au Paris des siècles passés et pour lesquels l’introduction de la modernité dans le paysage urbain n’étaient pas encore une « ardente obligation ». Philippe Denis a saisi cette chance au bond et SOS Paris se doit de lui en garder un souvenir durable et reconnaissant.

Louis Goupy