Lors du Conseil de Paris du 4 mai, Jean-Louis Missika, Adjoint à l’Urbanisme, a autorisé le paiement aux frais de la Mairie des travaux réalisés par Eau de Paris pour déplacer trois canalisations et un puits pour un coût de 1 540 000 € HT. Dans une atmosphère de précipitation et d’autoritarisme, cette prise en charge a été contestée par l’élu Jérôme Gleizes (EELV 20e) qui n’a pas été entendu. En effet, le bénéficiaire aménageur, la Compagnie de Phalsbourg, trois fois lauréat du Concours « Réinventons Paris » (3 sites obtenus par cette société sur un total de 54 lauréats pour 650 candidats) prétend ici remettre la nature au cœur de la ville et est rarement contrarié par la Ville. Ce projet «1000 arbres Porte Maillot» est un drame écologique et urbanistique ; il est porté par l’homme qui a enlaidi la France à coup de centres commerciaux périphériques. Que la Mairie déclenche des travaux propices à la réalisation de ce projet bien que le permis de construire soit encore en instruction, suscite l’effarement.

Autre fait inédit, (on est au pays des inventeurs!) le projet est officiellement à vendre pour 170 millions d’euros hors droit (commission de l’aménageur: plusieurs dizaines de millions) Ce lauréat encourt le risque d’être «vaporisé» puisque le Tribunal de Grande Instance a pu annuler un des lauréats «réinventer Paris» le déclarant illégal suite à une plainte d’une association de riverains. Les juges ont mis en doute la légitimité du choix du jury dont ils contestent le caractère international (annoncé dans le règlement du concours) et dont ils critiquent l’opacité. Ils dénoncent également le contournement du code des marchés publics.

Cette forêt de 1000 arbres en pots, montés sur une pyramide inversée de béton plantée sur une parcelle de 6 450 m2, propriété de la Ville de Paris, dissimule la finalité du montage: 28000m2 de bureaux dans un contexte de millions de m2 non pourvus, 130 logements avec vue plongeante sur le périphérique, un hôtel de luxe de 250 chambres dans un quartier saturé par cette mono activité, une gare routière, d’une valeur foncière totale surpassant l’investissement financé à 100 % par des banques avec le protocole de crédit ‘lease back’ synonyme pour le promoteur de «gagner de l’argent en vous endettant ». Absence d’information quant au prix de cession de la parcelle propriété de la ville, coutumière du fait de générosité irrationnelle avec ses «chouchous». Si ce projet désagréable sous pavillon vert se réalise il imposera un bétonnage massif, un besoin en eau important pour cette folie d’arbres en pots jouxtant les 850 hectares de forêts du bois de Boulogne. L’alibi écologique est grossier…

Christine Nedelec