Dans le ciel chargé du printemps parisien quelques éclair- cies sont heureusement apparues. Le lac Daumesnil, sa faune et sa flore sont enfin pour l’instant préservés ; la place de la Concorde n’est plus défigurée par la Grande Roue; restauré, le splendide hôtel Lambert réapparait à la pointe de l’Île Saint-Louis, les fresques magnifiquement restituées du transept de Saint-Germain-des-Prés ont été inaugurées et la façade de Saint Augustin est sortie des échafaudages… D’autres nouvelles nous ont déçus. L’emprise du stade Roland- Garros sur les Serres d’Auteuil est désormais acquise. Plus que jamais les parisiens doivent se mobiliser pour défendre leur rue, leur quartier, leur patrimoine. La biodversité, la qualité de l’air et la défense d’une «Seine qui n’est pas à vendre» sont à l’ordre du jour et nos associations se regroupent pour s’opposer aux catastrophes programmées.

D’autres combats vont être à mener. Méfions-nous des ins- tallations temporaires qui n’ont que l’habitude de trop durer. Opposons-nous à l’idée saugrenue de transférer au Champ-de- Mars, déjà gravement dégradé, les expositions du Grand Palais. Apportons une attention particulière aux dérives prévisibles liées à la préparation des Jeux Olympiques. Combattons les effets nocifs des dispositions de la loi Elan envers le patrimoine que ne va pas compenser l’heureuse initiative du Loto patrimonial proposé par la mission de Stéphane Bern.

Mais si la qualité de l’air parisien mérite qu’on y porte une réelle attention, un combat au sol doit en même temps être mené par les parisiens, contre la dégradation progressive et catastrophique de la voirie parisienne : bitume éclaté, nids de poule, apparition des pavés sous l’asphalte, trottoirs défoncés, rapiécés, ravaudés, revêtements en patchwork. Nos rues ressemblent aux rues d’une ville soviétique des années 80. Il y a 50 ans fleurissait le slogan «sous les pavés, la plage» aujourd’hui on dirait plutôt «sous l’asphalte, les pavés» tellement ceux-ci réapparaissent au fond de chaque nid de poule. Et ceci n’est qu’un des aspects de la détérioration de la voirie parisienne. La saleté des rues parisiennes, signe d’une dégradation funeste du respect par chacun de l’espace public mais aussi d’une diminution des effectifs d’agents de nettoyage, devient maintenant générale. La sauvegarde du cadre de vie parisien est par conséquent aussi une lutte pour la propreté de la ville, pour que cessent de s’amonceler sur les trottoirs les cartons (merci Amazon !), les déchets, les immondices, les poubelles éventrées, les mégots jetés au sol et les déjections animales entourant chaque poteau ou chaque arbre. Il n’y a pas de temps à perdre, la dégradation ne peut que progresser si aucune mesure n’est rapidement prise. Quelle image veut-on donner de Paris à ces millions de touristes qui viennent chaque année visiter notre ville ? Il ne faudrait pas que cette image dégradée de notre capitale nuise à ses beaux atours dans l’esprit de ses visiteurs.

Nos édiles veulent valoriser leur ville, qu’ils commencent par la nettoyer !

Thierry Marcus
Président de SOS Paris