Début juillet, les associations parisiennes, franciliennes, nationales et internationales cosignaient avec France Nature Environnement – Paris, un communiqué d’alerte et appelaient solennellement l’attention des élus et habitants de Paris et du Grand Paris. Malgré cette alerte, la ZAC Bercy-Charenton a été votée de justesse à 5 voix près. La bataille ne fait que commencer. Les Parisiens sauront se souvenir de ceux qui, soumis à une idéologie constructiviste forcenée, choisissent le mépris de l’environnement et des habitants.
La maire de Paris se prétend verte et vertueuse auprès des « 40 Cities » : les actes ne peuvent plus contredire les discours. Paris peut désormais uniquement accepter des projets urbains résilients et qui cessent de mettre en péril la santé de ses habitants. L’actuelle mise en œuvre d’un urbanisme de densification excessive, voire de surdensification de Paris rappelle les mauvais souvenirs des années 70, et est contraire aux orientations votées dans le Plan d’aménagement et de développement durable de Paris adopté en 2006. Avant d’engager davantage et pour des dizaines d’années Paris et les Parisiens dans un protocole foncier conclu en 2016 avec SNCF Réseaux Ferrés sur les secteurs Bercy Charenton et Paris Nord Est, les associations appellent le Conseil de Paris à faire preuve de sagesse. Le débat lors du vote était particulièrement houleux, – SOS Paris y était – la preuve que le sujet ne fait pas consensus.
Elles estiment nécessaire de tirer le bilan de certaines opérations d’aménagement conduites au cours des deux dernières décennies à Paris ayant promu de nouvelles formes de densité urbaines comme par exemple Clichy-Batignolles. Le dernier équipement public livré en matière d’espaces verts, le parc Martin- Luther- King, résultant de la mutualisation de tous les espaces verts des parcelles avoisinantes, ne peut justement pas remplir la mission de rafraîchissement nocturne promue par le Plan Climat car les effets de la surdensification de son pourtour ont été négligés. En effet la réduction de 6 à 2 mètres du prospect entre les constructions mitoyennes et les limites du parc (modification du PLU de 2012 portée par Mme Hidalgo) a conduit à la fermeture nocturne du parc en raison des plaintes de riverains face au bruit des usagers.
Les actuels débats sur l’abandon de l’ouverture du parc des Batignolles le soir et la question d’une bretelle supplémentaires pour accéder au boulevard périphérique Porte Clichy attestent des dangers et incohérences de cet urbanisme de surdensification qui va à l’encontre des objectifs d’une ville résiliente. Les associations constatent ainsi que :
ZAC Bercy-Charenton
La future ZAC Bercy Charenton prévoit 280 000 m2 de logements et 215 000 m2 de bureaux, pour « rééquilibrer » l’est et l’ouest parisiens, avec 6 tours de 50 à 180m de hauteur alors que Paris accumule les m2 de bureaux inoccupés. La ville de Charenton a dans le cadre du concours Réinventer la Métropole du Grand Paris, prévu de construire un quartier mitoyen du projet parisien avec une tour haut de gamme posée dans un mouchoir de poche, coincée entre l’A4 et le périphérique et très mal desservie par les transports en commun.
À l’heure du grand Paris, on ne peut plus continuer inlassablement de récupérer les rares terrains encore disponibles du petit Paris, bétonner ce qui reste de faisceaux ferrés qui sont des grands couloirs d’aération de la ville, des corridors de préservation de la biodiversité et qui permettent de dégager encore de grands horizons sur le paysage de la ville. Rappelons que les tours sont coûteuses et anti environnementales et ne sont pas des solutions pour la ville et ses habitants qui les rejettent. La décision de reprendre leur construction a été refusée au débat public. Ce sont surtout des opportunités de marché pour les investisseurs.
Les formes urbaines proposées aujourd’hui sont celles d’ilots compacts, densément construits, l’abandon du COS parisien permet un bétonnage à outrance, ce qui accentue l’effet ilots de chaleur, d’équipements publics intégrés à l’étroit dans ces ilots et probablement sous dimensionnés compte tenu du nombre d’habitants attendus à terme, d’une insuffisance récurrente d’espaces verts. La végétalisation des toits ne résout pas la question des ilots de chaleur. On est loin des 30 % de surface d’espaces verts des opérations d’urbanisme de la fin du 20e siècle.
La situation de ce nouveau quartier, mal desservi par les transports en commun aura un impact sur des transports toujours plus congestionnés dans un environnement marqué par la présence d’infrastructures ferroviaires et auto routières porteuses de nuisances et de risques.
Au 21e siècle, il n’est plus possible de proposer pour l’est de Paris un nouveau quartier de tours, réplique newlook des quartiers de tours du 13e arrondissement. On sera loin des principes d’éco quartier vantés dans la communication de la ville. Nous demandons la publication de l’étude d’impact et un débat public sur ses conclusions.
Chapelle-Charbon
L’opération Chapelle Charbon du 18e arrondissement prévoit également une forte densification du site, 450 logements. Le projet de grand espace vert de 6,5 ha promis aux habitants demeure très incertain au-delà des 3 ha prévus d’ici 2020/2021 en raison du chantier CDG Express et de la libération des terrains occupés par CAP 18. Les espaces verts initialement prévus se réduisent comme peau de chagrin alors que la sur- face moyenne d’espace vert par habitant n’est que de 0,9 m2 dans le 18e arrondissement contre les 5,8 de la moyenne parisienne, bien loin des 10m2 minimum définis par l’OMS pour préserver la santé des habitants.
l’abandon du COS permet un bétonnage intégral des parcelles
Les associations, à l’écoute permanente de la réalité de terrain, constatent que ce mouvement est en train de dangereusement s’amplifier, que ce soit par exemple avec le programme très dense du futur quartier Saint-Vincent-de-Paul qui prévoit 600 logements, des bâtiments R+ 11 et très peu d’espaces libres et végétalisés dans un ilot de 3,5 hectares qui sera enclavé, ou bien pour tout Paris, du fait de l’abandon des COS, le début de constructions dans les espaces verts des cœurs d’ilots ou sur les fonds de parcelles des tissus constitués qui bénéficiaient jusqu’alors d’un bouclier préservant les jardins intérieurs avec le cos de fait.
Les associations dénoncent donc les projets de ZAC Bercy Charenton, Paris Nord Est ou Saint Vincent de Paul. Elles dénoncent la multiplication d’appels à projets opportunistes qui saturent les espaces encore libres du tissu urbain (ex place Mazas au débouché du port de l’Arsenal dans la Seine). La perspective du grand Paris ne doit pas être pour Paris celle d’un Paris toujours plus dense ! Elles estiment que ces questions doivent désormais s’arbitrer à l’échelle métropolitaine, être étudiées dans le futur SCOT métropolitain au regard de critères environnementaux et d’intérêt métropolitain.
Les associations demandent que des alternatives soient sérieusement étudiées pour une politique éco-urbaine à l’écoute des habitants, respectueuse de l’environnement, sanctuarisant les espaces naturels, sportifs et de respiration. Construire toujours plus à Paris menace la santé des habitants et contredit l’intérêt général.
Ne rééditons pas les erreurs de l’urbanisme productiviste des années 70! Une telle fuite en avant, va à l’encontre de tous les objectifs votés ces dernières années par le conseil de Paris en matière de lutte contre le réchauffement climatique et pollution, de préservation de la biodiversité, de plus de nature en ville, et de réalisation d’éco quartiers pour une ville plus humaine et plus résiliente. La copie est à revoir !
Ce communiqué est cosigné par : FNE PARIS, FNE IDF, SOS Paris, Les Amis de la Terre, ASA PNE, Respiration Paris 15, ADA 13, Paris Historique, SPPEF, Patrimoine Environnement, CPAV, COBB, XVIe demain, Cavé Goutte d’Or, Amis du Champ-de-Mars, Netter-Debergue, Sauvons notre stade, Sauvons les arbres de l’îlot Navarre, ARRBELV, Il faut sauver le stade Léo Lagrange, Union Renaissance de la Bièvre, Les Frigos APLD91, Défense square Clos Feuquière, Amis de Bercy Charenton, Passy Seine, Défense du site de Notre Dame et ses abords, ACAP, CNL-ALS –Bercy, Association de Défense des Riverains du Quartier de Bercy, Rue de L’Avenir Paris, Jardin des Jeunes Pouces, APPEL, Vivre à Paris-Picpus XIIe, L’Association pour le Quartier Saint Vincent de Paul, ARBRES.