L’Hôtel de l’Artillerie sera le nouveau berceau de Sciences-Po. Successivement noviciat dominicain, musée d’armes et site militaire, l’hôtel de l’Artillerie, place Saint-Thomas-d’Aquin, inaugure avec Sciences-Po une nouvelle page de sa longue et tumultueuse histoire. L’ensemble du site a été acheté au Ministère des Armées en décembre 2016 pour 93 millions d’euros. Les travaux y ajouteront 100 millions. La Ville s’est portée garante de l’emprunt de 160 M€ souscrit par Sciences-po afin de financer toute l’opération qui, achat et travaux compris, reviendra à 193 M€. Le reste viendra du mécénat et de fonds propres. Toutes les parties du site avec ses trois cours : Sébastopol (l’ancien cloître), Gribeauval et Treuille de Beaulieu, sont classées monument historique. Malgré cela, durant la réunion, Rachida Dati a parlé d’un grand consensus autour du projet, rendant la concertation «quasi superflue»!

Quant à Frédéric Mion, directeur de Sciences-Po et Jean- Michel Wilmotte, l’architecte, que nous avons rencontrés, ils ne tarissaient pas d’éloges sur la légèreté du projet et son respect du patrimoine existant. Mais pour SOS Paris, dans la cour Gribeauval, il est prévu de construire un grand cylindre de verre et des salles souterraines qui font un peu penser à ce qui a été fait à l’Institut Catholique rue d’Assas…

On nous parle de respect du patrimoine, l’effort est certain mais l’effet de dénaturation de l’ensemble est patent autant sur le plan du patrimoine que du point de vue environnemental. Les cours et les jardins sont réduits par le truchement des cours anglaises et de leurs vastes ramifications souterraines, à de simples jardinières. Ils sont surtout transformés en îlots de chaleur alors que tous ces espaces de respiration sont vitaux pour la ville. Et, plus grave, le cycle de l’eau est rompu car l’eau ne peut plus s’infiltrer en profondeur, tandis que la végétalisation et les arbres, n’ayant plus accès à l’eau des couches profondes, perd en résilience. Le bétonnage des cours et jardins parisiens est devenu grâce à la modification du PLU le nouveau credo !

Jan Wyers