L’enquête publique concernant la rénovation de la tour Montparnasse s’achevait fin juin, une tour épaissie, surélevée, avec des cours anglaises, empiétant largement sur le domaine public. Avis défavorable !

Ce projet est une mauvaise réponse à la crise climatique 

La situation de crise climatique actuelle impose un changement complet de nos façons de vivre et de fabriquer notre ville. Les rapports s’accumulent, dont celui du GIEC, la biodiversité s’effondre, les ressources disparaissent. Mais nous continuons sur les mêmes rails avec toujours plus de projets et toujours plus de béton! L’urgence est au moratoire sur les projets, le temps de mettre au point de nouvelles méthodes à empreintes écologiques nulles ou négatives.

Ce projet a un coût écologique insupportable au présent et pour les générations futures

Que propose ce projet ? Au lieu d’utiliser au maximum l’existant, voilà des démolitions, des épaississements, une surélévation de 23 m (et non 21m comme cela apparaît dans certaines pièces du dossier) soit 11% de hauteur supplémentaire pour aboutir à une serre géante et donc un ilot de chaleur géant. Dans cette enquête, rien sur le coût environnemental global de cette opération : nous demandons à la commission d’enquête de quantifier cet impact et que cette quantification devienne un critère de mesure des projets d’urbanisme.

Ce projet constitue une grave atteinte à l’espace public

Ce projet requiert une importante privatisation d’espaces publics permettant l’épaississement sur 13 étages de la tour et la création de cours anglaises et d’accès aux nouveaux commerces en sous-sols (l’absence de maquette, les schémas ne permettent pas une vision d’ensemble du projet, des patios en sous-sols…). Ce substantiel agrandissement pourrait être considéré comme un favoritisme tout à fait anormalement octroyé aux propriétaires de la tour. Notre association pose la question de sa légalité. En tous cas, elle s’oppose à ce principe de financement d’un projet privé par privatisation d’espaces publics.

Le projet de transformation de la tour Montparnasse : les Parisiens la détestent, la Ville permet de la rendre plus large et plus haute…

Ce projet ne répond pas aux besoins exprimés des habitants du quartier

Il s’inscrit dans un vaste chantier de réaménagement de quartier de la dalle, en passant par la gare, le CIT, la prolongation de la rue de Rennes etc… Nous le redisons : l’urgence est d’inventer de nouvelles façons de penser nos aménagements, nos fonctionnements et nos vies. Pour avoir assisté aux réunions de « concertation », c’est-à-dire de présentation avec très peu de temps d’expression pour les citoyens, les habitants étaient extrêmement méfiants, demandaient des comptes. Ils interrogeaient sur les nécessités de ces énormes aménagements que les habitants ne demandent pas bien au contraire. Ces créations d’énormes surfaces de commerces supplémentaires ne pourront que créer un siphonage de l’existant. Ces aménagements participent à un vaste jeu de chaises musicales où les réelles créations d’emploi sont quasi-inexistantes, il ne s’agit que d’emplois de bureaux et de commerces déplacés, articulant une congestion toujours plus grande des transports et de la ville, avec des déplacements pendulaires multipliés. Les enquêtes publiques sur ce quartier se multiplient, il n’y a pas réellement de document de synthèse objectif. Les projets privés sont présentés avant le projet d’urbanisme et de voierie, comment les habitants peuvent-ils se prononcer sans une vue d’ensemble sur le fond ?

Ce projet n’est pas conforme aux orientations du SDRIF et aux besoins régionaux

Nous rappelons les orientations du SDRIF (schéma directeur de la Région Île-de-France) pour un rééquilibrage vers l’est de Paris des bureaux. Nous rappelons surtout qu’il est urgent de cesser de construire des bureaux à Paris et d’articuler la spéculation foncière : il est temps que Paris partage la manne avec la banlieue et cesse d’orchestrer le déséquilibre, les inégalités, la congestion des flux ou la vampirisation des richesses.

Ce projet suscite des réserves de la MRAE

Nous nous appuyons sur l’avis de la MRAe (Mission Régionale d’Autorité environnementale) pour dénoncer une intégration urbaine insuffisante, une qualité environnementale du bâti déficiente, l’impact des nuisances cumulées des chantiers. L’insertion paysagère depuis l’origine de la construction de la tour est problématique : elle est amplifiée dans ce projet par l’épaississement de la tour et sa surélévation. La MRAE note un problème d’articulation entre les démarches d’évaluation environnementales et insiste sur la nécessité de revoir l’étude d’impact en fonction des différents chantiers. Ce projet peut-il être conforme malgré ses promesses aux prescriptions du Plan Climat de Paris ?

Ce projet amplifie l’effet îlot de chaleur grâce à la modification du PLU concernant la possibilité de construire des serres agricoles en surélévation

Une tour par les nécessités de sa conception induit des surépaisseurs, des sécurisations et des murs rideaux de verre qui rendent cet objet anti écologique et énergivore. Nous rappelons que notre association a demandé l’abrogation de la modification du PLU 2016, notamment l’article permettant des surélévations pour serres agricoles qui vont multiplier la création d’ilots de chaleur.

Conclusion

À qui vont bénéficier ces années de chantier ? Ces nouveaux bureaux et nouveaux commerces ? Correspondent-ils à des créations de postes ou des déplacements ? A qui profite Cette privatisation de l’espace public ? Cet ilot de chaleur renouvelé ? Cette pérennisation d’un mauvais objet urbain si contesté ? Nous attendons les réponses de la ville car ce projet ne bénéficie ni à la planète ni aux habitants ni aux Parisiens c’est certain.

Christine Nedelec