Notre association a été alertée par M. Vincent Lidsky-Coustère, un de nos fidèles membres, sur la menace de destruction-rénovation des marchés aux fleurs de la place de la Madeleine et de l’Île de la Cité.

François Loyer, historien de l’art et de l’architecture, réagit à cette menace : « L’argument est toujours le même pour démolir, alors que ce type d’abri est parfaitement restaurable. La vétusté de certains éléments n’est qu’apparente : une remise en état classique est tout à fait possible, sans doute à moindre prix que de tout démolir et reconstruire. La preuve en est -bis repetita placent- que la question s’était posée exactement dans les mêmes termes, il y a cinquante ans. Les protestations des défenseurs du patrimoine avaient alors abouti à une remise en état qui s’était faite sans la moindre difficulté. Si le marché était mieux entretenu au jour le jour, la question ne se poserait même pas.

Un petit tour sur le site du musée Carnavalet, qui conserve les photos de Charles Marville, permet d’identifier le marché aux fleurs dans la catégorie «édicules». Le modèle de ce type d’abri (qu’on trouve également aux Champs-Elysées), a été élaboré par le Service des parcs et jardins sous le Second Empire. La photo de Marville a été prise en 1875, date d’achèvement du marché. La légende signale que le marché de construction des abris a été pris le 30 novembre 1872 et attribué à l’entreprise André & Fleury constructeurs, 7-9, rue de Sablonville à Neuilly-sur-Seine.

L’identification étant faite (et la très belle photo de Marville plaidant plus que tout pour la protection), il reste à dire que cet exemple caractéristique des aménagements urbains du système haussmannien -qui a largement survécu au départ du préfet- doit impérativement être conservé. Tout son contexte est Second Empire : (hôpital, préfecture, tribunal de Commerce).

La conservation du marché sur son site (il y était implanté depuis 1808) a permis de laisser une respiration entre les trois monuments qui l’encadrent. C’est d’ailleurs ce qui fait tout son charme -analogue à celui, devenu trop rare-, des marchés couverts en fer et fonte. Ici, l’effet est encore plus frappant, parce que ce sont de simples abris sans clôture, dont la légèreté et la transparence sont les qualités majeures, irremplaçables. Plutôt que d’imaginer autre chose, il suffirait de remettre en état l’ossature et de demander à un architecte un peu évolué de concevoir des abris fermés sous les verrières pour répondre à l’usage actuel, sans altérer la disposition initiale.

SOS Paris ne peut que protester contre cette nouvelle atteinte au patrimoine parisien. Si l’on continue comme cela, que restera-t-il bientôt de l’atmosphère du «Paris moderne» de la seconde moitié du XIXe siècle ? ».

Marché aux Fleurs vers 1865, photo de Charles Marville

François Loyer