De nombreuses associations ont rédigé et signé un manifeste reprenant les orientations qu’elles souhaitent voir prises en compte à l’occasion des prochaines élections municipales. Nous vous en présentons ci-après quelques extraits.

Aujourd’hui ce sont les grands lobbys financiers, publicitaires, commerciaux ou de l’industrie du numérique qui décident de la société et de l’avenir de la ville dans laquelle nous vivrons. Ce n’est plus possible : halte au Monopoly destructeur de beauté et de qualité de vie, facteur d’inégalités sociales et environnementales !
Depuis six mois, des associations et des collectifs parisiens réunis à l’initiative de la fédération FNE Paris travaillent à l’élaboration d’une feuille de route à la disposition des candidats. Cette dynamique inter-associative porte la voix de la société civile dans la campagne municipale.

Changer de modèle

Face aux enjeux environnementaux, de justice sociale et de qualité de vie dans une ville très dense, il est nécessaire de changer de modèle de développement et ce, par des actions concrètes.

Nous demandons en préambule une refondation de la vie démocratique :

  • Nous appelons à revoir le processus d’élaboration des projets et de construction de la décision publique, à l’exemple de nombreuses villes en Europe. La reprise de constructions de grande hauteur, les projets liés aux JO, la transformation des gares en grands centres commerciaux ou les réponses au défi climatique et social sont des décisions qu’il n’est plus possible de prendre, sans ou contre l’avis des Parisiens.
  • Nous demandons un accès très en amont des associations à l’information sur les projets, et nous appelons à des débats préalables où la société civile tiendra la place qui lui revient pour prendre des décisions partagées dans le cadre des conseils d’arrondissements, de quartier, des concours d’urbanisme et d’architecture.
  • Nous proposons que le prochain Conseil de Paris mette en place des commissions extra-municipales garantes d’un véritable processus d’évaluation et de suivi dans la durée des grandes politiques mises en œuvre : règlement et urbanisme, climat et santé, mobilité et espace public, Seine et canaux, biodiversité et nature, vie associative et démocratie locale, accès aux services publics et à la culture…

Face aux dangers dus à l’hyper densification de Paris, nous demandons en urgence :

  • Une révision générale du règlement d’urbanisme parisien actuel ; modifié en 2016, déstabilisé par l’abandon des COS, il favorise une hyper densification de la ville. Les opérations d’urbanisme sont aujourd’hui menées « au coup par coup », sans vision d’ensemble métropolitaine. Cette révision générale sera l’occasion de mettre l’environnement, la santé, les transports, l’habitat et les services pour tous, au centre des objectifs de l’urbanisme du 21e siècle.
  • Un moratoire sur les grands projets immobiliers et urbains qui tournent le dos aux défis environnementaux et climatiques : tour Triangle, tour Montparnasse, Projet Nouvel R – Inventer Bruneseau -future ZAC Bercy Charenton- transformation des gares en centres commerciaux, dont notamment la gare du Nord, opérations «Ville Multi-strates» et «Mille arbres» à l’ouest de Paris. Nous dénonçons en outre, la dérive des appels à projets : « Réinventer Paris » et la Métropole, qui annonce une forme d’urbanisme dérogatoire et le passage d’une maitrise d’ouvrage publique forte à un urbanisme de développeurs confié à des groupements d’investisseurs.
  • Une sanctuarisation de tous les jardins en pleine terre, publics et privés, des espaces libres et de nature existants, terrains de sport, cœurs d’îlots, ceinture verte, réservoirs d’eau, talus plantés du boulevard périphérique, corridors de biodiversité, bords de Seine, avec extension de la protection Unesco. Un plan d’urgence pour les quartiers du nord et de l’est parisien qui accumulent difficultés sociales, scolaires, sécuritaires et environnementales.
  • Un nouveau plan de circulation articulé avec le territoire de la région et du Grand Paris, privilégiant la proximité des usages et les mobilités douces.
  • Un engagement concret et effectif sur le contrôle des véhicules polluants et sur la mise en œuvre de la ZFE (zone à faible émission) dans le Grand Paris.

Très conscients que tous les sujets sont liés : maîtrise de l’espace public et du tourisme de masse, logement, santé, transports, culture, nous serons avec les collectifs et les associations, force d’opposition et de propositions.

Nous invitons donc les Parisiens et Parisiennes, ainsi que les associations, à rejoindre nos actions et à construire, à travers une série de débats citoyens publics, une feuille de route adressée aux candidats. Les enjeux environnementaux et bioclimatiques ne peuvent trouver de réponses viables dans la durée, sans volonté partagée des acteurs à tous niveaux : local, régional, national et international. Pour les prochaines élections municipales à Paris, comme dans toutes les villes du « grand Paris » il est temps de changer de cap !

Associations signataires : ADA 13, Alternatives Territoriales Paris et Métropole, les Amis de Bercy Charenton 12e, ARBRES, ARRBELV 5e, ASA PNE Paris 18e, Association Netter Debergue 12e, ADT Quart Monde Paris, CAC Collectif des Associations Citoyennes, Cavé Goutte d’Or 18e, Collectif Baron Leroy, Collectif contre la tour Triangle, Collectif Lachaise en action 11e, Collectif des Riverains gare de Lyon-Daumesnil, Exemplarité 14, FNE Paris, La Seine n’est pas à vendre, Le 20e Autrement, RES, Respiration Paris 15, Rue de l’Avenir, Sauvons les arbres de l’îlot Navarre 5e, Sauvons notre Stade, Sites & Monuments, SOS Paris.