Déposée pour restauration le 26 mars 2018, l’enseigne « Au Nègre Joyeux » devait revenir place de la Contrescarpe deux mois plus tard. La Ville de Paris refuse désormais son retour, au mépris de ses engagements. Voici une lettre adressée à Mme Hidalgo.

Cette enseigne se compose de deux éléments : un tableau et un bandeau portant l’inscription « Au Nègre Joyeux ». L’ensemble ornait la façade d’une épicerie du même nom, créée en 1897 au 14 rue Mouffetard et spécialisée dans la vente de cafés.

Le tableau représente un homme noir et une femme blanche, dans un intérieur bourgeois de la Belle Époque. Au premier plan de cette image publicitaire, l’homme noir, élégant et souriant, porte une serviette de table nouée autour du cou, ce qui le définit clairement comme un consommateur. Il brandit une carafe d’alcool à l’intention du passant -potentiel client- en l’invitant à sa table pour y déguster un café, un alcool ou d’autres produits vendus dans la boutique. Quel que soit son statut, libre de couleur du XVIIIe siècle ou domestique en livrée, c’est un consommateur noir qui s’adresse à d’autres consommateurs. Au second plan, derrière la table, s’avance une femme blanche chargée d’un plateau avec cafetière et sucrier ; elle arbore une coiffe et un tablier qui sont les attributs d’une serveuse.

Façade « Au Nègre Joyeux »

La mairie de Paris persiste depuis 2017 à voir un serviteur noir qui renverrait à l’histoire de l’esclavage et elle détache le mot « Nègre » de son contexte historique pour ne le considérer que dans son acception strictement actuelle péjorative. Elle décrète que l’enseigne doit être retirée de l’espace public où sa présence rappellerait les crimes de l’esclavage.

Nous contestons cette décision unilatérale fondée sur une interprétation inexacte. Nous demandons que l’enseigne soit remise dans l’espace public pour lequel elle a été conçue et où elle devra être expliquée. Sauvegardons, protégeons et valorisons notre patrimoine de rue. Maintenons-le en ville !

Le panneau de l’enseigne « Au Nègre Joyeux »

Signataires : Dimitri Casali, Historien et professeur d’histoire, auteur du Grand Procès de l’histoire de France et de L’histoire de France interdite ; Bernadette Christmann, Architecte D.P.L.G et membre du conseil syndical de la copropriété du 14 rue Mouffetard qui est la donatrice de l’enseigne ; Roland Delpuech, Gérant du Café La Contrescarpe sur la Place de la Contrescarpe ; Hamid Djouadi, Gérant du Café des Arts sur la Place de la Contrescarpe ; Pierre Housieaux, Président de Paris Historique, Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique ; Robert Lévy, Professeur agrégé de Philosophie (ancien élève de l’ENS Ulm 1974), habitant du quartier ; Djama Lherdoum, Gérant du supermarché Sitis sur la Place de la Contrescarpe ; Clémentine Portier Kaltenbach, Historienne, écrivain et riveraine de la Place de la Contrescarpe ; Charlotte Pouzadoux, Illustratrice, diplômée en Esthétique des Arts de l’Afrique Subsaharienne (Paris I – Panthéon Sorbonne), membre du conseil syndical de la copropriété du 14 rue Mouffetard qui est la donatrice de l’enseigne ; Professeur Jean Rossier, Docteur en Médecine, Docteur ès Sciences, membre de l’Académie des Sciences et habitant du quartier.

Lien de la pétition à signer

Lien de l’article de la Tribune de l’Art : « Enseigne “Au Nègre Joyeux” : la Mairie de Paris réarrange l’histoire à sa façon » du 7 janvier 2020