SOS Paris, association de défense du patrimoine et du cadre de vie parisien est membre du comité permanent de concertation de la ZAC Paris Rive Gauche depuis l’origine. À ce titre, elle tient à signaler le peu de prise en compte par les décisionnaires des avis des associations et des habitants alors que Paris, comme le 13e arrondissement, se trouve pris dans une accélération effrayante des projets urbains, une course à la densification dont la crise sanitaire actuelle montre les excès et les dommages sur le bien-être et la vie des habitants.

Une enquête publique au début des vacances après un pareil épisode de confinement fragilise la qualité de l’exercice démocratique visé. Déni démocratique ?

L’association, une fois encore, conteste le calendrier retenu pour l’enquête publique. Elle avait adressée au Préfet de Paris, avec plusieurs associations membres du comité permanent de concertation de Paris Rive Gauche, une demande de report et de délai, en vain. Si seulement il s’agissait d’une situation exceptionnelle… Or c’est presque systématiquement le cas : une situation que les associations ne peuvent décemment plus accepter. Ce projet majeur, malgré de réel efforts de la commission pour ouvrir l‘accès de l’enquête par des plages horaires et des dispositifs divers, ne bénéficiera donc pas des conditions de publicité et d’accessibilité minimales permettant aux citoyens de donner leur avis après une information plus ou moins argumentée. Tant que la forme de ces enquêtes restera aussi fragile et non intégrée à un processus pédagogique suffisant auquel serait associé le monde scolaire, ce dispositif ne sera pas satisfaisant du point de vue démocratique. Tant qu’une majorité d’avis négatifs ne conduira pas à la remise à plat du projet ou son arrêt, les habitants se sentiront floués dans cet exercice.

Une fois encore la majorité des avis exprimé semble négative. Quel sera l’avis de la commission ? Se bornera-t-elle à des réserves auxquelles personne ne répondra, ou à la marge ?

Vue depuis le boulevard de l’Hôpital © Kaufman & Broad

Un projet obsolète

Le projet présenté à l’enquête publique s’appuie sur le plan directeur d’aménagement établi il y a plus de 10 ans, la belle idée des gares-hub pour constituer les fameux « quartiers de gare » réunissant activités (bureaux, commerces, hôtels), services aux voyageurs, logements, infrastructures fonctionnelles… Une belle occasion de promotion immobilière, surtout, nouvelle casquette SNCF.

Avant même de voir le jour, ce projet est obsolète par son gigantisme et sa conception en contradiction complète avec l’accélération de la crise climatique ou la récente crise sanitaire.

Le choix fait ici de l’hyper-densification alors que la campagne municipale a été articulée autour des seuils critiques de densité, carence en espaces verts, congestion des transports, pollution interroge alors qu’il augmente les impacts environnementaux de toutes sortes.

Démolition du buffet de la gare d’Austerlitz en 2012.

Ce projet par sa masse et son évolution vers une massification toujours plus importante impacte fortement les éléments patrimoniaux situés à proximité : hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Muséum d’histoire naturelle et halle de la gare d’origine. Selon nous, les bâtiments du projet ne devraient pas dépasser la hauteur de la halle de la gare et malmener les perspectives. Ne rappelons pas la désolante destruction du buffet de la gestion que SOS Paris avait combattue à l’époque. Le projet actuel ne prend pas en compte la dégradation de situation environnementale et ne propose aucune solution permettant d’y faire face.

Ce projet ne présente pas les alternatives possibles ou envisagées et la justification de l’importance du programme n’est pas argumentée.

Le projet de près de 90 000 m2 prévoit 52 146 m2 de bureaux : ces besoins sont loin d’être avérés sinon par leur opportunité spéculative.

S’agissant des espaces verts, certes, le jardin de la Salpêtrière sera agrandi mais sur les 8 000 m2 végétalisés, 450 m2 de jardin seulement sont prévus en pleine terre pour un ensemble immobilier de plus de 90 000 m2 ! Ce mini jardin est très loin des objectifs de 30% des débuts de la ZAC Paris Rive Gauche, difficile de savoir s’ils répondent au minimum OMS de 10m2/ habitant ou même des 50% indispensables aujourd’hui pour que Paris diminue sa carence en espaces verts néfaste à la santé des habitants.

Vue du pont d’Austerlitz et de l’entrée du jardin des Plantes prise de l’Arsenal

La cour Muséum, complètement minérale, n’a pas été conçue comme un corridor écologique ou îlot de fraîcheur urbain. L’importance des constructions sous la cour Museum et sous le jardin Curie (bassin de retenue des eaux pluviales que nous contestons) limite la possibilité de plantations des arbres de haute tige ou leur ensoleillement avec un risque d’impact du projet sur l’écoulement de eaux et les risques d’inondation.

La Bièvre débouchant Gare d’Austerlitz, canalisée sous la cour Muséum, une trame bleue de la Seine à la Bièvre, passant par la cour pourrait être rappelée sous forme de fontaine, mares, bassin, cours d’eau et limiter la minéralisation de la cour.

De même, un corridor végétal en pleine terre pourrait être prévu entre les berges arborées de la Seine, le jardin Curie, celui de la Salpêtrière et celui des Plantes. Ces trames écologiques doivent être anticipée dans tous les aménagements à venir (pont de la Salpêtrière, et Salpêtrière).

Nous demandons donc une révision du projet, c’est la situation environnementale, sanitaire et sociétale qui l’exige.

Nous émettons donc un avis défavorable au projet soumis à l’enquête publique.