Impossible de s’opposer au désastre malgré l’absence d’autorisation d’abattage en bonne et due forme. Nous avons tout essayé, responsables des associations – FNE Paris, ARBRES, GNSA, Les Frigos-APLD91, ADA 13, SOS Paris, La Seine n’est pas à vendre -, élus de tous bords – EELV, Générations, France Insoumise, Les Républicains, Ensemble ! – : l’écologie n’a pas de parti. Les ordres étant les ordres, le service de l’arbre de la ville exécutait la sentence, pas forcément de gaité de cœur, à la différence du commando d’élagueurs qui faisaient tomber les branches à tours de bras. Quant aux décideurs de la mairie centrale ou du 13e, ils n’avaient pas jugé bon d’être présents, pour eux, les arbres ne sont qu’une variable d’ajustement.
Il n’était pas nécessaire d’abattre ces arbres, tous ces arbres. Aucune urgence ne justifiait cette opération. Si ce n’est rendre irréversible des décisions prises dans le secret des cabinets. L’objectif était en réalité de dégager le foncier nécessaire à une opération spéculative, une nouvelle tour de logements en accession, de 100 m de haut, programmée dans l’appel à projet de Bruneseau Nord. Les arguments avancés, piste vélo, place d’un futur tram sur pneu en site propre auront servi d’habillage à cet abattage massif.
Il est toujours possible, facile, de trouver des solutions quand on veut sauvegarder des arbres, comme ces grands alignements de platanes. Telles n’étaient pas les consignes ce dimanche : les tronçonneuses ont tronçonné sauvagement, jusqu’à inclure dans leur besogne trois très beaux arbres manifestement hors du périmètre à l’angle de la rue Bruneseau !
Ce désastre est le résultat de l’urbanisme « réinventif » : carte blanche pour les investisseurs sans aucune contrainte. Sacrifier le vivant et les arbres présents sur les emprises foncières, existantes ou comme ici opportunément créées sur le trottoir.
À l’heure d’une crise sanitaire inquiétante, d’un effondrement environnemental sans précédent, comment Paris, qui se prétend championne de l’écologie peut-elle multiplier les atteintes à la nature ?
Qui au Conseil de Paris est au courant que la SEMAPA, société d’économie mixte en charge de la ZAC Paris Rive Gauche et d’ici peu de la ZAC Bercy Charenton, travaille de façon inédite sur les permis de construire d’une énorme tranche de ZAC, 90 000 m2 de planchers, un périmètre de 3,5 hectares, au milieu de l’échangeur du périphérique quai d’Ivry ? Ce projet de densification massive que les associations rejettent, consiste en 8 bâtiments, dont deux tours de 100 et 180 m de haut avec quasi aucun espace vert !
Qui a conscience de la transformation radicale du visage de Paris qu’annonce le gigantisme contesté des tours Duo ? Y a t-il eu communication au Conseil de Paris du projet retenu en 2019 à l’issue d’une mise en concurrence de 4 équipes d’investisseurs et de leurs architectes ayant chacune déboursé plus d’un million d’Euros pour concourir ?
Quel jury a décidé d’un choix aussi important, celui d’une mini La Défense à l’est de Paris, forêt urbaine de tours le long du périphérique ? Tout cela a été mené en catimini et dans le dos des Parisiens.
Le maire du 13e et l’équipe Paris en Commun ont été jusqu’à dissimuler entièrement ces projets titanesques sur les documents de la récente campagne municipale.
Quel mépris dans la façon de travailler avec les associations. Le comité permanent de concertation Paris Rive Gauche a constaté l’impossibilité du dialogue sur les sujets importants, tours, hyperdensification, espaces verts. A quoi sert la concertation si un des sujets qui concerne le plus les Parisiens, celui de la santé environnementale, celui de l’importance de la nature et des arbres d’alignement, n’est pas abordé avec les associations dans les structures ad hoc ? Abattre 22 platanes à Paris est bien un sujet à débattre en concertation. Carton TRÈS TRÈS Rouge !
Les associations ont décidé d’intenter une action en justice pour sauver les 8 arbres qui ont échappé aux tronçonneuses du 4 octobre.
15 229 arbres en pleine maturité ont été abattus à Paris entre 2014 et 2020 mais les insuffisantes replantations promises ne seront jamais à la hauteur : les arbrisseaux peinent à se développer et ils ne remplaceront pas, avant des décennies, les services écosystémiques des grands arbres abattus.
L’urgence est à la préservation de la nature, des grands arbres parisiens en tout premier lieu. Notre avenir commun en dépend.
Si la Ville de Paris a des ambitions en matière d’écologie, qu’elle le prouve autrement que par des discours !
Une dernière rangée d’arbres reste à couper dimanche prochain.
Vidéos du Groupe National de Surveillance des Arbres
Les médias en parlent :
Article du Parisien AVANT l’abattage :
https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-l-abattage-d-une-vingtaine-de-platanes-souleve-la-colere-des-associations-de-defense-de-l-environnement-03-10-2020-8396160.php?fbclid=IwAR0oIKGKDl_wbEwjsTxGqVbBi5Uo6cz1J6U1iybLvQnDKlkDlgVScgnfDuc
Article du Parisien APRÈS l’abattage :
https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-polemique-autour-de-l-abattage-de-22-platanes-quai-d-ivry-04-10-2020-8396712.php?fbclid=IwAR1TBZpnx8H-6G0j0HSFiYcYz28v_ZAiAKZVEulfG05E8rolS5c29NJidPA
Article de CNews :
https://www.cnews.fr/france/2020-10-05/paris-dans-le-13e-labattage-des-platanes-ne-passe-pas-1005037?fbclid=IwAR1-8QKGFcVco0LL6PZnAFxcfzGYKAIr8ZxtowUE9z-_xzkprMAwkQCzHPM