Un collectif se forme et lance une pétition contre un projet de densification qui mutilerait un bâtiment industriel du 18e siècle et créerait une rupture – ainsi qu’un précédent – dans un îlot homogène, témoin du passé artisanal et industriel du 5e et jusqu’ici préservé. La pétition : http://chng.it/JjMM2XWK

Petit miracle entouré de barres des années 1970, ce trapèze d’immeubles jusqu’ici homogène dans ses proportions ainsi que parce que tous ses bâtiments étaient à l’origine dédiés à l’activité industrielle et artisanale.

Dans le quartier du Jardin des Plantes, au 36, rue du Fer à Moulin, cet ancien bâtiment industriel construit au 18e siècle, au pied de la Bièvre, est en danger de transformation en immeuble de sept étages de verre et de béton. La beauté de cet îlot parisien, anciens ateliers, entrepôts et tanneries, délimité par la rue du Fer à Moulin, la rue de la Clef, la rue de Censier et le square Adanson, est menacée par ce projet de découpe égoïste.

La parcelle du 36, rue du Fer à Moulin, avec le bâtiment industriel du 18e siècle (en bas, à droite) et sa toiture en shed (dents de scie).

En 2006 déjà, la Commission de Vieux Paris avait exprimé, dans un premier rejet de ce projet, sa très vive inquiétude pour l’avenir de ce joyau du passé. Deux arbres centenaires protègent la première cours de la copropriété, dans un jardin d’autrefois, devant plusieurs maisons de petite taille. Entre la première cour et la seconde, une balance à poids est toujours présente dans le sol. C’est un témoignage du début du 20e siècle quand ce lieu était un entrepôt à épices pour la marque Dagbar. Tout ce qui entrait et tout ce qui quittait cet entrepôt était soigneusement enregistré lors de leur passage par cette balance à charrettes, puis à camions.

Vu depuis le square Adanson, le bâtiment du 18e siècle menacé d’être surélevé en immeuble de sept étages.

En 1973, l’ancien entrepôt du fond de la cours de la copropriété a été restauré et remis en valeur par un photographe amoureux de Paris, Jacques Rouchon. Les célèbres studios Rouchon ont animé ce lieu pendant 44 ans. Ce lieu a vu entrer par ces portes les plus grandes vedettes de cinéma et les plus célèbres mannequins de l’époque.

Vue de la toiture en shed du bâtiment industriel, le dernier du quartier. Il est prévu de l’amputer pour le surmonter de 5 logements.

Un premier projet destructeur avait été proposé par le propriétaire/promoteur en 2006. Ce projet avait été vivement rejeté par les habitants de la copropriété et avait provoqué de vifs débats et délibérations lors du conseil municipal à la mairie du 5e arrondissement ainsi qu’à l’Hôtel de Ville. Le vœu d’acheter la copropriété avait été voté par la Ville mais malheureusement, devant les refus répétés du promoteur, cette proposition pour sauver ce lieu historique ne s’était jamais réalisée. En 2007, les studios Rouchon avaient failli se faire expulser de leur siège mythique par ces promoteurs indélicats. Des violences commises par le promoteur vis-à-vis des locataires avaient été signalées au Préfet de Paris…

Le bâtiment depuis la cour. Il a abrité les studios de Jacques Rouchon depuis 1973, l’entreprise d’épices Dagbar avant cela, et une chiffonnerie encore avant.

Aujourd’hui en 2020, ces mêmes promoteurs n’ont jamais été aussi près de réaliser leur projet tant de fois débouté, mais ils se trouvent une nouvelle fois face à un mouvement populaire d’habitants qui veulent protéger ce bâtiment et tout son quartier.

Entre les deux cours, une balance à poids est toujours présente dans le sol et le long du mur, témoin de l’entrepôt à épices Dagbar au début du 20e siècle. Tout ce qui entrait et tout ce qui quittait cet entrepôt était soigneusement enregistré lors du passage sur cette balance à charrettes, puis à camions. Sur le mur, les petits mots signés par les célébrités venues poser aux studios Rouchon ces dernières décennies.

Ces riverains comptent stopper ce projet qui ne propose rien d’autre que la destruction d’un bâtiment industriel du 18e siècle, le dernier du quartier avec une toiture typique en shed. Ce projet veut surélever cette structure ancienne jusqu’à la hauteur surdimensionnée de sept étages, dans un îlot où les bâtiments alentour n’en dépassent pas quatre. C’est ni plus ni moins un cas de surdensification, dans un quartier qui n’en a pas besoin, d’autant plus si l’on considère la nouvelle donne sanitaire. Les évolutions nécessaires dans l’art de la construction pour combattre le réchauffement climatique sont ici ignorées, et la végétalisation qui serait nécessaire pour la nouvelle construction, une simple promesse du promoteur. Les arbres centenaires pourraient quant à eux gêner les travaux et leur intégrité n’a fait l’objet d’aucune garantie. Ce projet n’est rien d’autre qu’une énième opération financière menée sans intelligence ni imagination.

Les arbres centenaires de la première cour.

Le mardi 22 septembre 2020, environ 60 personnes se sont réunies devant le bâtiment pour exprimer leur vive inquiétude face à ce projet. Une deuxième réunion, tenue par la maire Florence Berthout dans la salle des fêtes de la mairie du 5e le 13 octobre 2020, a mobilisé plus de cent personnes.

L’architecte n’autorise pas la diffusion d’images du projet. Voici un croquis reconstitué.

Les riverains se sont organisés en “Collectif Fer à Moulin” et cherchent à mobiliser habitants du 5e et Parisiens afin de les soutenir. Ils ont créé une pétition et comptent bien arrêter ce projet immobilier sans queue ni tête, par la force du bon sens.

La pétition et les liens

Signez et partagez la pétition :
http://chng.it/JjMM2XWK

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Pour contacter le Collectif Fer à Moulin :
projetimmeubleferamoulin@gmail.com

Les articles sur l’affaire parus dans Le Parisien :

Article du Parisien du 12 Octobre 2020 (lien)

Article du Parisien du 3 mars 2007 (lien)

Le Collectif Fer à Moulin pour SOS Paris