Paris, 20 juin 2023 – La « cour des mousquetaires », appelée aussi cour du Bel-Air, un patrimoine remarquable de Paris menacé par des travaux destructeurs, a été laissé sans protection, contre l’avis du Service de l’Inventaire, qui a voté avec les associations pour la protection du site, ont dénoncé mardi les associations qui appellent le préfet à protéger le site.

« Les représentants de l’État ont une nouvelle fois refusé de protéger ce site remarquable à l’issue de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture (CRPA) mais cette fois la responsable du Service de l’Inventaire de l’Île-de-France a voté aux côtés de trois associations mettant en évidence la nécessité d’inscrire ce site afin de le protéger à temps », déclare SOS Paris, qui avec Sites & Monuments, Paris Historique, Histoire et Patrimoine du 12e et Mémoires du Convoi 6 et des camps du Loiret ont lancé une pétition : www.change.org/SauvonsLaCourDuBel-Air 

« Nous appelons le Préfet à suivre l’avis de l’Inventaire et à appliquer le principe de précaution en protégeant ce site historique menacé par des travaux destructeurs », a ajouté SOS Paris. Devant les multiples irrégularités qui entachent cette procédure, le Préfet d’Île-de-France, Marc Guillaume, avait retiré le 30 mars le premier refus d’inscription et décidé son réexamen ce 13 juin. Il pourrait maintenant ne pas suivre l’avis de la CRPA, qui n’est que consultatif, et inscrire le site s’il estime qu’il est d’intérêt général de le protéger.

« Détruire un tel lieu historique marquerait un triste recul dans la préservation du tissu urbain du faubourg Saint-Antoine, un des hauts lieux du patrimoine parisien et de la mémoire ouvrière », souligne l’historien de l’architecture Alexandre Gady, l’une des personnalités signataires de la pétition. « N’ayons pas peur de protéger notre histoire ! ».

Les caves voûtées d’arêtes des mousquetaires (1637), uniques au faubourg, commencent à être murées par des parpaings. Au-dessus, le célèbre « escalier des mousquetaires noirs » (1637), est laissé sans protection. Dans l’une des dépendances, le « grand escalier bicentenaire des ébénistes », desservant les « ateliers-habitations » des artisans juifs déportés et spoliés sous l’Occupation, est sur le point d’être détruit : sa démolition a été votée le 13 avril par la copropriété pour installer un ascenseur.

Les mousquetaires noirs — appelés ainsi en raison de la robe de leurs chevaux — ont logé au faubourg Saint-Antoine, et à l’hôtel du Bel-Air, sur ordre du roi Louis XIV de 1668 à 1704, dans l’attente de la construction de leur caserne à quelques mètres de là.

« La cour du Bel-Air révèle une problématique d’actualité : la mairie de Paris révise son Plan Local d’Urbanisme (PLU), pourtant incapable de protéger les intérieurs, alors qu’il faudrait un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) pour chaque quartier historique de Paris », estime le président de l’association Sites & Monuments, Julien Lacaze. L’État rejette les demandes de protection au titre des monuments historiques sans pour autant créer ce Site Patrimonial Remarquable (SPR) à PSMV d’office ». 

« Paris ne peut pas continuer à démolir son patrimoine qui est notre richesse collective ! », fait valoir de son côté Christine Nedelec, présidente de SOS Paris.

SOS Paris

Lien de la pétition (cliquer) :
https://www.change.org/SauvonsLaCourDuBel-Air

Article du Canard Enchaîné : lien (cliquer)

Article approfondi de La Tribune de l’Art : Menaces sur le patrimoine du Faubourg Saint-Antoine (cliquer)