Associons-nous au bel hommage que Louis Goupy rend ici à notre ami Jan Wyers, vice-président de SOS Paris et défenseur enthousiaste du patrimoine parisien, qui nous a quittés en octobre après un combat courageux contre la maladie. Habitué du Salon du Patrimoine Culturel, il aurait apprécié les échanges portant cette année sur de fâcheuses atteintes à la loi commune. Bien sûr, l’annonce par le président de la République, le 7 novembre, de l’abandon du projet Europacity de Gonesse, dans le Val d’Oise, est un signe encourageant pour les associations de protection du patrimoine et de l’environnement. Mais, à Paris, nous assistons à un important mouvement de densification effrénée. La sauvegarde de l’intérieur des îlots, souvent invisibles depuis la rue, éléments essentiels de l’urbanisme parisien depuis Haussmann, est en grand péril : abattage d’arbres, édification d’immeubles. Il serait grand temps que le PLU de Paris révisé, protège enfin ces espaces fragiles, havres de respiration de la ville. Sous l’effet de la politique de l’émotion et arguant de l’urgence, les lois et les codes ne sont plus respectés. Alors que depuis plus d’un siècle un arsenal législatif et réglementaire protège notre patrimoine, et organise avec efficacité la sauvegarde des bâtiments classés ou inscrits, ainsi que des sites remarquables de notre pays, nous assistons à un véritable démantèlement. Bénéficiant de dérogations exceptionnelles, les exemples des travaux de Notre-Dame, comme l’édification de la tour Triangle, sont les plus symptomatiques de cet affranchissement inadmissible de ce qui constitue les fondements de notre politique républicaine du patrimoine. Les pressions foncières, immobilières, les mouvements spéculatifs n’ont jamais été aussi forts. Leur influence n’a jamais été aussi forte. Pourquoi devrions-nous accepter leur âpreté comme loi ?

Thierry Marcus,
président de SOS Paris